Force Ouvrière de Côte d'Or

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Jean-Claude Mailly : « Il faut booster la croissance sinon on va dans le mur » - 290413

Publié le 29 Avril 2013 par UDFO21 in AFOC 21

 

CÔTE-D'OR -

CONGRèS FGTA - Jean-Claude Mailly à dijon


Jean-Claude Mailly, secrétaire général du syndicat Force ouvrière. Photo Emmanuel Hasle

Jean-Claude Mailly, secrétaire général du syndicat Force ouvrière. Photo Emmanuel Hasle

Dans le cadre du congrès national de la fédération générale des travailleurs de l’agriculture et de l’alimentation (FGTA-FO) qui se tenait au palais des congrès de Dijon entre mercredi et vendredi, Jean-Claude Mailly est intervenu hier matin. Le premier secrétaire de Force ouvrière a évoqué la politique économique du gouvernement, se montrant critique et évoquant l’austérité. C’est d’ailleurs sur cette thématique du « rejet de l’austérité » qu’aura lieu le traditionnel défilé du 1er mai.

Les chiffres du chômage viennent d’être publiés, avec une tendance toujours à la hausse. Un commentaire ?

« On bat des records, au moins en valeur absolue avec les chiffres de 1997, avec un 23e mois d’augmentation consécutif du chômage. Nous considérons que la courbe du chômage ne s’inversera pas avant la fin de l’année, contrairement à ce que dit le président de la République, tout simplement parce qu’on est en croissance zéro. Rappelons que les grandes inquiétudes aujourd’hui des salariés, c’est la question de l’emploi, la question du pouvoir d’achat, que l’on soit dans le public ou le privé, et la question de l’avenir du service public. »

Les bonnes volontés du gouvernement pour inverser cette tendance, faut-il tout de même les prendre en considération ?

« C’est quoi la situation aujourd’hui ? Il y a un vrai problème sur les modalités de la construction européenne. Nous sommes européens mais critiques. Depuis que le gouvernement a accepté le pacte budgétaire européen, on est rentré dans la spirale de l’austérité, en France comme ailleurs, à des degrés divers, même si on n’est pas l’Espagne ou le Portugal. »

Vous assumez donc ce terme d’austérité ?

« Oui. Vous savez ce que disait Jaurès ? “Quand les hommes ne veulent pas changer les choses, ils changent les mots”. Ce n’est donc pas la peine de parler de “sérieux budgétaire”. On est en rigueur. Les économistes considèrent que pour recréer de l’emploi en France, il faut au moins faire 1,5 point de croissance. Et à partir du moment où on réduit fortement les dépenses publiques, où on va sur une croissance nulle, je ne vois pas comment on pourrait dire l’inverse. Prenons un exemple : quand on réduit de 20 milliards les dépenses publiques – c’est l’objectif du gouvernement – on supprime 30 milliards de croissance, et on réduit les recettes fiscales de 15 milliards. Ça montre bien qu’on est dans une logique d’austérité. Ce ne sont ni les emplois d’avenir, qui ont du mal à décoller, ni les contrats de génération qui vont régler les problèmes du chômage. Il faut, au niveau national comme au niveau européen, booster la croissance, travailler sur des plans de relance, remodifier le rôle de la Banque centrale européenne, sinon, on va dans le mur, nous et les autres. »

Ce qui signifie que la France doit prendre ses distances avec l’Allemagne, qui est en période électorale ?

« L’Allemagne ne peut pas seule décider, y compris pour des raisons nationales, de l’avenir de l’ensemble de la zone euro. J’ai entendu cette semaine un responsable grec dire qu’il attend plus de la France, y compris vis-à-vis de l’Allemagne. L’Allemagne est en train de pâtir de la situation, sa croissance est en train de chuter. L’avenir de la France, si c’est lié aux relations avec la Chine (François Hollande vient d’effectuer un déplacement officiel en Chine, ndlr) et avec l’élection allemande, ça veut dire que c’est lié à deux choses extérieures. C’est quand même inquiétant. Il y a des marches de manœuvre. On ne peut pas continuer comme ça à faire des coupes successives au nom d’une bonne gestion. À la fin, on sera tous morts mais on aura un déficit zéro. »

Comprenez-vous que le gouvernement rejette l’amnistie des syndicalistes ?

« Deux choses : nous, nous n’avons jamais pratiqué les actes dits de violence, ce n’est pas notre façon de concevoir du syndicalisme tel que ça a pu s’exprimer ici ou là. Ceci étant, sur d’autres faits, il y a eu des sanctions qui ont été portées sur des syndicalistes qui ne sont pas normales. Là encore, il y a un problème de méthode. »

Êtes-vous de ceux qui disent qu’il faut changer de gouvernement pour changer de politique ?

« Je ne me prononcerai pas là-dessus, ce n’est pas le rôle d’un syndicat de choisir ses interlocuteurs. Ce n’est pas la composition d’un gouvernement qui m’importe, ce n’est pas mon problème. Par contre, ce qui est important, c’est qu’il y ait un changement de politique économique et sociale. Parce qu’il est urgent qu’on sorte de ce cercle de l’austérité. C’est essentiel. »

 

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